![[Critique] – Moi, Tonya de Craig Gillespie](https://www.monsieurasgard.com/wp-content/uploads/2018/02/critique-moi-tonya-une.jpg)
Si certains sports pâtissent d’un besoin de classicisme absolu, le patinage artistique en fait parti. Et c’est justement sur cette problématique figée dans le passé qu’on retrouve Tonya Harding, la première femme américaine à réussir le triple axel en compétition.
Moi, Tonya est un biopic immersif réalisé par Craig Gillespie.
SYNOPSIS
En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression…
UNE DYNAMIQUE DE NARRATION PEU CONVENTIONNELLE
Si les faits divers et la vie de nombreuses personnalités intéressent le cinéma et créent un grand nombre de contenus, c’est souvent une création à double-tranchant.
Les risques sont partagés entre le divertissement et la culture, il faut faire attention à ne pas basculer honteusement dans une des deux catégories afin que le film puisse justement nous divertir.
Et c’est la grande qualité de Moi, Tonya ; nous sommes dans une dynamique assez rare dans le cinéma biopic actuel où les films s’enchaînent sans vraiment marquer, sans rien apporter de neuf.
Le spectateur prend son pied pendant tout le film autant que le réalisateur, et ceci à travers une dynamique de narration peu conventionnelle : le film bascule sans cesse entre une interview (avec des acteurs ressemblants), le récit, la voix-off, et enfin le 4ème mur qui est brisé de manière intelligente.
UNE IMMERSION TOTALE
C’est à travers cette manière de raconter la vie de cette patineuse artistique que nous sommes totalement immergés dans ce film où nous passons par de nombreuses thématiques, du film romantique aux thrillers des frères Coen.
Si le patinage artistique est un sport absolument magnifique, son adaptation sur grand écran relève du génie, tant par la difficulté à suivre la patineuse, les chorégraphies, les moments où il y a une doublure…
Peu importe la musique, peu importe la réussite ou non de la représentation, il y a un côté admiratif qui grandit en nous, et c’est cette contemplation qui rend les scènes agréables (sans oublier cette réalisation incroyable entre ralentis, travelling…).
Si aucun rôle de Margot Robbie est véritablement marquant (bien interprété mais surtout vulgaire dans le Loup de Wall Street), son interprétation dans Moi, Tonya est assez représentative de ce que veut nous montrer le réalisateur de la vie de cette femme.
Justement, les relations avec les différents personnages sont agréables à suivre même si, ironiquement, elles sont tragiques voire cruelles. Que ce soit la mère avec sa méchanceté affectueuse (meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney), ou bien le petit-ami de Tonya, avec sa folie honteuse…
Le film navigue entre l’Histoire, la comédie (le personnage exceptionnel et stupide du garde du corps mafieux), et le thriller (l’affaire Kerrigan-Harding qui occupe la seconde partie du film).
Moi, Tonya est un biopic qui se démarque par sa narration mouvementée, la beauté de ce sport en lui-même malgré le fait qu’il est souvent injuste vis à vis de ceux qui ne respectent pas le classicisme usuel et par la subjectivité qui en découle des jurys.
C’est avant tout un film qui montre parfaitement l’étendu médiatique de l’affaire Kerrigan-Harding, mettant alors en avant une femme qui a brillé par sa qualité de patineuse même si le monde l’a détesté une grande partie de sa vie pour ce qu’elle est.