
M. Night Shyamalan signe 3 ans plus tard la fin de ce sombre triptyque héroïque en réunissant James Mcavoy, Bruce Willis et Samuel L. Jackson dans Glass.
Considéré comme le maître moderne du thriller en signant des œuvres majeures du cinéma comme Sixième Sens (1999), Signes (2002) et Village (2004) (laissons de côté Le Dernier Maître de l’air et After Earth…), Night Shyamalan a su nous étonner en 2016 en ouvrant la possibilité d’un « Night Shyamalan Universe » où Incassable et Split seraient inscrits dans le même univers.
SYNOPSIS
Peu de temps après les événements relatés dans Split, David Dunn – l’homme incassable – poursuit sa traque de La Bête, surnom donné à Kevin Crumb depuis qu’on le sait capable d’endosser 23 personnalités différentes. De son côté, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre Elijah Price suscite à nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes…
S’il y a bien une chose propre à ce réalisateur, c’est l’univers singulier qu’il parvient à créer dans ses films.
On ne peut donner de genre précis tout comme on ne peut attribuer une lecture unique dans ce qu’il nous montre. La complexité de son cinéma réside dans la création novatrice du genre : le thriller n’est plus ce qu’il est, l’horreur est également modifié, il joue avec les codes afin de livrer des œuvres profondément personnelles.
― Avec Split, il visait surtout l’horreur et pouvait facilement attirer les adolescents en salle (malgré la dimension dramatique et tragique du personnage de Casey).
― Avec Glass, il parvient à mêler Incassable et Split pour un contenu beaucoup moins grand public et plus percutant malgré sa simplicité apparente : ce n’est ni un thriller, ni un film d’horreur, ni un film de super-héros...
UNE PROFONDEUR DRAMATIQUE DES PERSONNAGES
En effet, la structure narrative suit son cours comme le montre le trailer (les activités de Kevin, David qui chasse Kevin, les 3 personnages dans un hôpital psychiatrique, puis le combat à l’extérieur...), c’est justement ce travail de narration classique mêlée à la narration d’un comics qui rendent les propos efficaces.
En soulignant les différents actes d’un film de super-héros à travers le personnage d’Elijah Price, il fait appel au fameux plot twist qu’il utilise tant dans son cinéma avec la fin du film tout en nous prenant à revers à une époque où les superproductions (notamment Marvel) inondent les salles chaque année, nous habituant à une histoire classique du début à la fin.
Ainsi, la fin est surprenante : Elijah Price nous tease très souvent le combat final, et puisque tout ses plans sont des succès, on n’en doute à aucun instant.
Finalement, il n’y a pas d’affrontement final grandiose en place publique, mais le combat reste épique.
En refusant l’acte final grandiose, Night Shyamalan souligne la profondeur dramatique des personnages et l’attachement que l’on a pour eux, tout comme la révélation finale d’Elijah (montée comme la fin de Saw) et l’action des personnages secondaires à travers Internet.
UN PARI RISQUÉ
En parlant de montage, le pari de lier 3 personnages emblématiques est risqué mais nous les voyons assez pour être satisfait, chacun d’une manière différente :
― Kevin avec des scènes très dialoguées pour que l’on soit impressionné par les personnalités et le jeu d’acteur de James Mcavoy,
― Elijah avec des scènes silencieuses qui montrent son intelligence et enfin,
― David que l’on découvre surtout à l’aune du prisme de la nostalgie.
On retrouve des scènes coupées (et jamais montrées) qui proviennent d’Incassable, c’est à dire d’authentiques séquences datant d’il y a presque 20 ans, ce qui donne une profondeur émotionnelle au personnage et à son fils (qui est également interprété par le même acteur).
L’IDENTITÉ PROPRE A CHACUN
La mise en scène particulière de Night Shyamalan (comme les plans rotatifs pour les changements de personnalité) combinée au mixage sonore incisif (la bande-son stridente des personnalités) jouent un rôle crucial :
La violence est suggérée, même très fortement sans laisser apercevoir des litres de sang (probablement pour être plus grand public).
La thématique abordée est celle de la différence ou plutôt de l’identité propre à chacun, le personnage du docteur joué par Sarah Paulson (assez incroyable puisqu’il faut tenir tête à 3 mastodontes) tente de rationaliser les pouvoirs de chacun en démontrant qu’ils sont normaux et le message du film livre un message de tolérance en montrant qu’il faut être conscient de sa différence pour briller.
EN BREF…
Glass conclut parfaitement la trilogie menée par Night Shyamalan en étant intelligemment écrit, réalisé et joué.
ANECDOTE CONFÉRENCE DE PRESSE
Lors de la conférence de presse tenue au Bristol le 8 janvier, James Mcavoy et M. Night Shyamalan ont longuement répondu à différentes questions pendant 40 minutes.
Dans Glass, on retrouve 2 flashbacks provenant d’Incassable.
Night Shyamalan a affirmé qu’il y avait initialement 3 scènes, c’est à dire qu’il en a coupé une, il nous l’a raconté :
Le personnage de Bruce Willis survit à l’accident de train et se confesse auprès d’un prêtre. Il lui demande ce qu’il a de spécial et le prêtre lui répond que c’est un pur hasard ; que Dieu n’a rien à voir là dedans et que sa petite-fille est décédée dans le même train. Il a justifié en affirmant que la scène prenait un poids émotionnel considérable sans faire avancer le film.