Les Chatouilles de Andréa Bescond & Eric Métayer

Les Chatouilles de Andréa Bescond & Eric Métayer

Les Chatouilles de Andréa Bescond & Eric Métayer

Si les sujets difficiles sont un risque filmique, le cinéma français a su travailler sur la violence conjugale avec succès en début d’année avec Jusqu’à la garde. En cette fin d’année, nous pourrons découvrir très bientôt les difficultés de l’adoption dans Pupille (05/12) mais plongeons-nous tout d’abord dans Les Chatouilles où les abus sexuels sur les enfants sont développés.

SYNOPSIS

Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie…

UNE PARFAITE MISE EN SCÈNE ENTRE THÉÂTRE ET CINÉMA

N’importe qui peut faire un film sur n’importe quel sujet avec un travail de recherche mais le témoignage est bien plus prenant et intégral lorsqu’il est raconté par quelqu’un qui a réellement expérimenté ce dont il parle.

Dans le cas du film Les Chatouilles, Andréa Bescond adapte sa pièce de théâtre (récompensée du Molière du seul en scène) en film à travers l’écriture, la réalisation mais aussi avec l’acting en incarnant le personnage principal.

Dès le premier plan, on se rend compte qu’on n’a pas à faire à un film classique traitant simplement de la répercussion des abus sexuels sur un enfant en grandissant, cette linéarité presque platonique est loin d’atteindre le cœur des Chatouilles et d’Andréa.

Le rapport au théâtre est évident et la mise en scène navigue sans arrêts entre le cinéma et le théâtre, et ce, jusqu’à s’inventer une manière créative de raconter une histoire, qui est elle-aussi intelligente par la multitude de propos abordables :

Les rencontres avec la psychologue permettent à la fois d’avancer dans l’histoire mais également de soumettre des propositions éventuelles (raconter un moment de sa vie en incluant ce que l’on voudrait rajouter aujourd’hui ou inventer presque entièrement des séquences).

Cette psychologue représente en quelque sorte le spectateur : non qualifié pour l’aider mais tentant tout de même de comprendre ses motivations (elle pose des questions et soumets des propositions que l’on pourrait faire). Elle s’inclue même dans les séquences avec Andréa pour mieux comprendre les faits.

DES IMAGES DIFFICILES…

Soyez prévenus, la dureté des images et la cruauté vous rendront fous de rages, voulant éradiquer la pédophilie de ce monde.

Il y a de nombreuses séquences de viols mais ce n’est pas tout, le langage descriptif est cru et choque, voire bouleverse le spectateur, entre la haine et la terreur.

Andréa affronte cette déchéance avec son imagination, ses fantasmes inavoués mais surtout la danse, salvatrice et expressive sans avoir le besoin de parler.

C’est la présence de la danse couplée à la mise en scène qui ne fait pas plonger le film dans un pathos pourtant prévisible et évident à adopter.

Jouant souvent le rôle de transition entre 2 scènes, la danse nous permet également de souffler à ses côtés, d’avoir accès à un repos limité et chronométré avant de reprendre les pensées macabres.

UN PÈRE ATTACHANT / UNE MÈRE DÉTESTABLE

En plus d’avoir une théâtralité créative, Les Chatouilles parvient à dresser le portrait de la société sur le sujet.

La psychologue n’est pas la seule ayant un rôle intermédiaire, on retrouve également la mère, détestable au possible et qui représente l’incompréhension abusive, le détachement par rapport aux actes (douter des paroles, questionner les plaintes…).

Heureusement, le père est attachant et panse les maux autant qu’il le peut.

Ce confrontement entre le passé et le présent est répété et évolutif : on retrouve à la piscine la petite fille jouant, et lorsqu’elle est sous l’eau on voit la fille adulte s’étouffer, suffoquer.

De la même manière, la scène finale qui met en avant la discussion entre la petite fille et Andréa adulte est sublime de sens et d’avancé vers un futur plus radieux.

POUR CONCLURE…

Les Chatouilles est un must-see de l’année pour ouvrir les consciences sur ses prédateurs souvent cachés mais proches, mieux comprendre les victimes, et saisir les moyens de s’en sortir.

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Monsieur Pravine

19 ans, étudiant en cinéma, fan de cinéma et de séries, « Her » le meilleur des films!

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