Ron Howard, interview du réalisateur du film Au Cœur de l’Océan

Ron Howard, interview du réalisateur du film Au Cœur de l’Océan Quelques jours avant la sortie française du film Au cœur de l’océan (In the Heart of the Sea), les médias onlines ont été invités à rencontrer le réalisateur du film Ron Howard pour une séance de questions-réponses. Du haut de ses 61 ans, après avoir réalisé Splash (1984), Willow (1988), Da Vinci Code (2006), Apollo 13 (1995) ou encore Rush (2013), l’homme en impose. On vous dévoile ici quelques-uns de ses secrets. Mais l’on vous informe également sur sa relation avec l’acteur Chris Hemsworth (Thor) et ce qui l’intéresse dans l’histoire qui a inspiré le roman de Melville Moby Dick.

AU CŒUR DE L’OCÉAN – FEATURETTE
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=S57g-FHwP18]

L’INTERVIEW

Lorsque vous avez lu le scénario d’Au cœur de l’océan, qu’avez-vous le plus aimé : l’aventure humaine, la dimension épique et presque mythologique, ou le challenge cinématographique ?

J’ai été séduit par tout cela à la fois. La combinaison de l’élément humain, l’élément épique et même l’élément politique a créé quelque chose de très actuel qui nous concerne à notre époque. Mais j’ai également été très surpris de réaliser que c’était inspiré de faits réels.

Êtes-vous vous-même un fan du roman Moby Dick ?

Je respecte profondément cet auteur et son œuvre. J’ai également vu deux fois l’adaptation cinématographique de John Huston. J’ai toujours été fasciné par les comédies dramatiques qui se passent dans l’océan. Ce dernier a quelque chose d’effrayant et de mystérieux. En fait, il me fait peur. Lorsque j’étais enfant, dans les années 1960, j’ai joué dans un épisode de la série Road 66 et je devais sauter dans la mer. Une heure après avoir tourné la scène, j’ai remarqué une certaine agitation autour du lieu où l’on avait tourné. J’ai alors vu des personnes sortir un requin de l’eau. C’est de là que provient ma peur. Quand j’ai dû réaliser le film Splash au début des années 1980, j’ai dû apprendre à faire de la plongée sous-marine afin de filmer la sirène dans l’eau. C’est ce qui m’a permis de dépasser ma phobie. Lorsque Chris Hemsworth (Owen Chase) est arrivé sur le tournage de Rush et m’a proposé le scénario d’Au cœur de l’océan, je me suis dit que j’avais tout ce qu’il fallait pour faire un bon film : l’expérience, l’acteur principal (Chris H.) et une histoire fabuleuse. Mais l’océan n’est toujours pas quelque chose que j’aime. Je n’y vais pas par plaisir.

Qu’est-ce qui vous touche le plus dans la personnalité d’Owen Chase ?

C’est sa transformation qui m’intéresse le plus. Tout au long du film, cet homme gagne en humilité. Et pourtant, c’est une chose au départ très difficile pour lui car il est extrêmement fier.  Je comprends son ambition et sa frustration. Mais grâce à cette confrontation avec la baleine, il réalise à quel point il est insignifiant.

SocialGraphic7

C’EST LE FILM LE PLUS COMPLIQUÉ QUE J’AI JAMAIS FAIT

Qu’elle a été la chose la plus difficile à réaliser dans ce film ?

C’est le film le plus compliqué que j’ai jamais fait. Il a même été plus difficile à réaliser qu’Apollo 13 ou Backdraft (1990). Les défis techniques et logistiques étaient très difficiles à gérer. Nous devions en plus décortiquer toutes les couches de l’histoire et les mélanger de manière non-conventionnelle. Le défi était énorme à relever, et l’intensité n’a pas faiblie pendant les 72 jours de tournage.

Pourquoi avez-vous décidé de filmer le face à face entre Melville et Nickerson alors qu’il n’a jamais eu lieu en vrai ?

Cette décision a été prise par le scénariste avant même que je ne sois impliqué dans le projet. J’ai trouvé que cela illustrait très bien la recherche de Melville de la vérité. Le parcours de l’auteur dans l’écriture de ce livre a en effet été très long. Il y a eu plusieurs réécritures. Entre chacune, il relisait ses notes, les journaux de bord, et même le livre qu’Owen Chase avait écrit sur le bateau Essex. C’est lors de la deuxième écriture du roman qu’il introduit le personnage d’Achab. J’ai donc trouvé que c’était une bonne manière de planter le décor et d’expliquer tout le contexte. J’ai appris au fil du temps qu’il fallait quelques fois créer un évènement de fiction pour exprimer une plus grande vérité.

Après Rush, Au cœur de l’océan est le deuxième film dans lequel on découvre Chris Hemsworth en bon acteur de drame, et c’est grâce à vous. Quelle est votre relation avec lui ?

J’ai moi-même supervisé les auditions pour Rush. Chris était en train de tourner Avengers. Il est venu auditionner dans mon hôtel, et j’ai été subjugué par la manière dont il s’exprimait avec son corps. J’aime son charisme, la présence qu’il a à l’écran, un peu comme les grands acteurs classiques. Mais c’est son appétit pour le travail qui m’a le plus impressionné. Il veut toujours être au mieux de lui-même, quel que soit le genre de film. Dans Au cœur de l’océan, il a lui-même construit tout son personnage. Je me souviens d’une prise que nous devions faire sur la plage volcanique. Les acteurs étaient déjà très maigres. Nous avions le droit d’être sur la plage, mais on ne pouvait pas filmer dans l’eau. J’allais donc faire cette prise avec Chris dans un bassin. C’est alors qu’il m’a dit « je suis un surfer, je t’assure que ce n’est pas dangereux, on peut le faire ». Les règles étaient strictes, et j’ai donc dû refuser. Quelques temps plus tard, j’ai vu Chris dans l’eau avec un caméraman. Il a fait sa scène, et c’est son action qui a permis de donner à cette scène énormément d’authenticité. J’adorerais pouvoir faire un autre film avec lui.

SocialGraphic3

ON S’EST PERMIS UNE CERTAINE LIBERTÉ SUR LE PLAN ARTISTIQUE

Pourquoi avez-vous choisi de faire la baleine de couleur blanche ?

Il existe bien des baleines albinos. Elles ont même inspiré Melville pour créer Moby Dick. Mais ce n’est pas forcément une baleine de ce type-là qui a coulé l’Essex. Nous avons donc dû faire un compromis. Comme la peau des baleines se décolore avec le temps, on s’est permis une certaine liberté sur le plan artistique, tout en respectant le mythe de Moby Dick. Et il faut avouer que je trouvais aussi l’idée totalement cool.

Pourquoi avez-vous demandé aux acteurs de perdre autant de poids, alors qu’on peut le faire aujourd’hui avec de simples effets spéciaux ?

On peut effectivement le faire en infographie, mais cela coûte très cher. C’est en plus assez difficile et ce n’était assez authentique à notre goût. C’était également important que les acteurs s’impliquent complètement dans les conditions de vie de leur personnage. Bien évidemment, nous avons pris conseil auprès de nutritionnistes professionnels. J’ai même demandé l’avis de Tom Hanks, car il a fait cela plusieurs fois. La toute première fois, il l’avait fait tout seul et avait eu des problèmes de santé par la suite. Mais quand il a tourné dans Seul au monde (2000), il était accompagné d’un nutritionniste, et les choses se sont bien passées.

HOTS-201311199D3A6040.dng

SI VOUS AIMEZ LA 3D, ALLEZ-Y

Aviez-vous prévu de tourner le film en 3D dès le départ ?

Au Cœur de l’Océan a été conçu à la base en 2D pour une expérience immersive totale. Mais la sortie du film a été retardée pour des raisons de marketing. Côté production, tout était déjà bouclé. Il faut dire que je n’avais pas du tout le budget pour faire le film en 3D dès le départ. Mais lorsque Warner Bros. a proposé par la suite de le faire en 3D, j’ai trouvé que cela rajouter de l’intensité, de la texture et de la profondeur. J’en suis aujourd’hui très content. Si vous aimez la 3D, allez-y.

A travers votre filmographie, on voit que vous exploitez différentes formes de courage sous différents angles. Est-ce l’un de vos thèmes privilégiés ?

J’ai toujours été intéressé par la manière dont les gens sont mis à l’épreuve et comment ils s’en sortent. Il y a bien sûr les courageux, mais aussi ceux qui n’ont pas le courage de faire face et d’affronter les choses. Lorsque je regarde un film, je me demande ce que j’aurais fait dans leur situation. Je n’ai pas toujours la réponse, mais c’est un élément que j’aime explorer et exploiter.

Nous vivons dans l’ère des remakes et des reboots. Que répondriez-vous si les studios Fox vous proposaient de faire un remake ou une suite de Willow ?

À ce stade de ma vie, je n’ai pas encore envie de refaire mes propres films. A moins que j’ai la possibilité de faire évoluer le personnage en utilisant les technologies d’aujourd’hui. Mais même dans ce cas, j’y réfléchirais bien avant d’accepter. Bien sûr, je vais réaliser la troisième adaptation d’un roman de Dan Brown, Inferno. Mais chacun de ces livres a sa propre histoire, chacun est un livre et maintenant un film à part. Mais je suis curieux et je vais donc vous [les journalistes] utiliser comme échantillon. Pensez-vous qu’une suite de Willow serait populaire au cinéma aujourd’hui ? Aimeriez-vous la voir dans les années à venir ? – Non ! – Voilà, tout est dit !

Je remercie Warner Bros. d’avoir permis le blog de rencontrer Ron Howard ainsi que Marie de s’être déplacé pour l’occasion. Retrouvez la critique du film sur son Blog socritikblog.com

BANDE ANNONCE
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=qzcJok6kjno]

Le film sort Mercredi 9 Décembre dans les salles.

Suivre:
Madame Marie

Find me on: Web | Twitter


Vous recherchiez quelque chose?